Luis Antunes

Directeur technique de l'Aïkikaï du Portugal


Luis Antunes photo et l'entretien de Gérard Obellianne

AJ : Bonjour Luis. Merci de nous recevoir pour cet entretien dans ton pays, le Portugal, en ce début du mois d’Août 2014.
Nous venons souvent au Portugal où tu as, au fil des ans, acquis une grande notoriété. Une première question : peux-tu nous dire quand et avec qui tu as débuté l’Aïkido ?

Luis Antunes
J’ai débuté en Août 1970 d’une manière curieuse. En effet je venais en France pour suivre un stage de Karaté où j’ai vu un Japonais qui se déplaçait à genoux avec beaucoup de facilité et de vitesse, ce qui m’a surpris et impressionné. J’ai abandonné l’idée de faire le stage de Karaté pour suivre le stage de ce Japonais qui était maître Hirokazu Kobayashi, 8ème dan d’Aïkido.

AJ – Tu as donc découvert ce jour-là l’existence de maître Hirokazu Kobayashi. Tu as suivi ce stage en France mais après, quand tu es retourné dans ton pays ?

LA – Oui, j’ai suivi ce premier stage qui a duré 12 jours. J’ai cherché ensuite à faire des stages avec maître Kobayashi à plusieurs reprises ; en France par exemple, à Casteljaloux, Thonon les Bains mais aussi à Ibiza.

AJ – Quand as-tu invité maître Kobayashi pour la première fois au Portugal ?



LA – A l’époque j’étais dans un groupe ; j’en ai parlé et notre groupe l’a invité à Lisbonne pour un stage d’un WE, en 1973. Et cela s’est perpétué annuellement jusqu’en 1977.

AJ – Maître Kobayashi venait-il accompagné de pratiquants confirmés ?

LA – Depuis le tout début il venait accompagné de Emiko Inoué qui était 2ème dan d’Aïkido. Il y avait aussi un Français, je crois qu’il s’appelait Jean-François Riondet et également Gérard Obellianne, un autre Français qui habitait le Maroc et qui, lui, était présent à tous les stages et dont je me rappelle qu’il était l’uke attitré de maître Kobayashi. Nous nous étions rencontrés à Casteljaloux à un stage et sommes devenus amis depuis cette époque.

AJ – Nous savons aujourd’hui que tu es 7ème dan. Est-ce un grade Aïkikaï ? As-tu passé tes premiers grades avec maître Kobayashi ?


LA –Le 7ème dan est un grade portugais ; je suis également 6ème dan Aïkikaï, grade délivré par maître Nobuyoshi Tamura en octobre 2002. En ce qui concerne le shodan je l’ai passé avec maître Kobayashi qui m’a demandé de développer l’Aïkido au Portugal. Maître Kobayashi m’a considéré comme son élève et j’ai suivi son enseignement jusqu’en 1980.



AJ – Lorsque maître Kobayashi s’est trouvé dans l’impossibilité de revenir, est-ce qu’il t’a, à ce moment-là, proposé de suivre l’enseignement d’un autre maître d’Aïkido?

LA – Oui, il m’a proposé après 1980 de suivre maître Tamura qui était le délégué officiel de l’Aïkikaï pour l’Europe et qui m’a accepté comme élève direct.

AJ – Comme élève direct ?

ui, comme élève direct. Je lui ai adressé une lettre dans laquelle je lui demandais de m’accepter en tant qu’élève. Il m’a donné son accord par écrit. Je me souviens encore des termes de sa réponse ; celle-ci avait été tapée à la machine à écrire par Georges Benzaquen, qui était avocat au Maroc, sous la dictée de maître Tamura, à Casablanca en avril 1982.

Donc après 1980 tu as suivi l’enseignement exclusif de maître Tamura ?
 
C’est cela ; j’avais déjà fait quelques stages avec lui depuis 1978 en France et en Espagne tout en suivant maître Kobayashi.
Quand maître Tamura est-il venu pour la première fois au Portugal ?

C’est en 1982 sous l’égide du ministère de la Guerre qu’il est venu officiellement en qualité de délégué officiel de l’Aïkikaï pour l’Europe sur l’invitation du G.D.I.N.E (Groupe Sportif de l’Institut National de Statistique). L’année suivante, en 1983, c’est le groupe AKP (Aïkikaï du Portugal, organisme reconnu par l’Aïkikaï so Hombu) qui l’a fait venir et cela jusqu’à sa disparition en 2010.

En dehors des venues de maître Tamura au Portugal, as-tu suivi des stages avec lui dans d’autres pays ?

Oui, en Espagne et en France régulièrement, et exceptionnellement au Japon à deux reprises.

Les approches de la discipline par les deux maîtres dont tu as suivi les enseignements comportaient-elles des différences notoires ?

L’approche de maître Tamura était plus pédagogique ; il m’a éclairé sur des détails essentiels qui m’ont permis de mieux appréhender la technique. Je me souviens que par exemple, après que j’ai été accepté comme son élève direct, nous nous trouvions à Madrid au « café Capitol » c’était en octobre 1982, (les 9 et 10) et deux après-midi de suite, un vendredi et un samedi avant les cours, il m’a traduit et expliqué tous les termes techniques de l’aïkido pendant plusieurs heures. Dans ces moments privilégiés, où nous étions tous les deux seuls, j’ai pris de nombreuses notes que je garde encore précieusement au dojo et elles me sont toujours et encore très utiles dans ma recherche technique.

Maître Nobuyoshi Tamura avait-il des exigences particulières lorsqu’il venait animer des stages au Portugal ?

Non, en aucune manière. Il était très simple, discret, plein d’attention pour ma famille et pour moi et même envers mes parents.
Lorsqu’il venait au Portugal, il dormait chez moi. Dans ces occasions j’ai pu encore apprendre beaucoup de lui. Par exemple il me parlait de lui quand il était uchi deshi, de Ôsenseï et de sa vie en communauté avec les autres maîtres.


AJ : Si nous comprenons bien, maître Tamura était un homme extrêmement généreux ?

Oui, c’était un homme au grand coeur qui m’a beaucoup aidé dans les moments difficiles de la vie que j’ai traversés comme par exemple lors de mon divorce et lorsque j’ai rencontré des difficultés pour obtenir la garde de mes enfants, ou encore dans les problèmes financiers que j’avais à cette époque. A cet effet je n’ai jamais su exactement le montant horaire de ses honoraires et même à plusieurs reprises il a refusé de se faire payer.

Maître Tamura avait mis en place des stages de haut niveau à Bras. As-tu participé à certains de ces stages ?

J’ai suivi ces stages de 2003 à 2009, année précédant la disparition de maître Tamura. Je me suis d’autre part régulièrement déplacé à Bras pour suivre une fois par mois, le mardi et le mercredi, les cours qu’il donnait à Shumeikan. C’est dans ces cours qu’il m’a transmis ses recommandations et conseils.

Revenons à l’Aïkido au Portugal. Comment cela est-il structuré dans ton pays ?

l’AKP (Aïkikaï du Portugal) a compris dès le début qu’il était nécessaire de créer un organisme portugais reconnu par l’Etat. Nous avons donc créé la Fédération Portugaise d’Aïkido Aïkikaï (FPAA) sous l’égide de l’AKP et de six clubs indépendants dès 1990. Un peu plus tard, en 1993, la FPAA a demandé à être reconnue « d’Utilité Publique et Sportive » par les autorités  …


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