Arthur Frattini

Hassan Moukhsil parle avec Arthur à Agadir/Maroc.


Arthur dans le Dojo …

Bonjour Arthur, on se connait depuis 2006 et c’est toujours un plaisir de te rencontrer. Tu passes presque chaque année dans les villes de Tiznit et d’Agadir, dans le sud du Maroc, pour tes vacances, et toujours avec un kimono dans tes valises pour pratiquer avec nous. Alors je te pose la question classique d’Aïkido Journal : « pourquoi pratiques-tu l’aïkido? »

Au départ, je n’étais pas spécialement attiré par l’aïkido, mais j’ai toujours été intéressé par les arts martiaux en général.
Très tôt, j’ai commencé le judo, que j’ai pratiqué de 6 ans à 9 ans sans réelle passion, car j’étais bien plus fan des disciplines martiales représentées dans les films d’actions de l’époque.


Ça fait combien de temps maintenant que tu pratiques l’aïkido ?

Ça fait 14 ans, mais attends ! (rire) Pour répondre à ta question je me remémore en même temps le cheminement ! Car la réponse n’est pas simple de prime abord sans préparation (rire).


Prends ton temps (rire) !

A 16 ans, j’ai commencé fort ! J’étais décidé à pratiquer les arts martiaux, et j’ai commencé la même année le karaté, la boxe thaïlandaise, et l’aïkido avec 2 cours par semaine au minimum dans chaque discipline. Soit un cours minimum chaque soir après l’école. Je ne me consacrais pas trop à mes devoirs scolaires (rire). Et depuis cette année, j’ai voyagé dans plusieurs disciplines mais j’ai toujours gardé l’aïkido.


Pourquoi as-tu arrêté les autres disciplines mais pas l’aïkido ?

Cela n’a pas été un choix au début, car à cette époque j’ai beaucoup déménagé.
Entre 16 ans et 21 ans j’ai habité les villes suivantes : Le Blanc-Mesnil, Goussainville, Montfermeil, Villepinte et enfin Saint Denis ; ce qui fait de nombreux déménagements.
J’ai donc pratiqué des disciplines martiales que je trouvais localement, comme le taekwondo, la boxe française ...
Je n’étais pas très difficile quant au choix des disciplines, ce qui m’intéressait surtout c’était de me défouler puisque j’aimais le combat.

Alors pourquoi avoir gardé l’aïkido comme discipline avec le temps si tu aimes le combat ? (rire)

J’ai gardé l’aïkido pour plusieurs raisons.
A l’adolescence, je recherchais la force physique, je cherchais à repousser mes limites physiques mais avec le temps, je n’en avais plus l’envie et le besoin. Je me sentais assez fort physiquement mais humainement et mentalement j’avais beaucoup encore à apprendre.

L’aïkido a été pour moi un point fixe dans une période où je déménageais souvent. J’avais un réseau social stable là-bas et mon club était presque devenu une famille pour moi.
Je faisais environ une heure de transport en commun pour aller aux cours, et c’est la seule discipline qui me donnait l’envie de faire cet effort. Le public pourtant ne correspondait pas à mes fréquentations de l’époque (rire) mais je m’y sentais bien.
Car en dehors de la discipline martiale et de la technique, l’étiquette, la stabilité et les rapports humains chaleureux m’ont bien plus appris et servi dans ma vie de jeune adulte.
Aujourd’hui l’aïkido me suffit et j’ai donc arrêté les autres disciplines.
Mais lorsque j’ai du temps, je suis très content de pouvoir les pratiquer.
Après, on n’a qu’une vie et il faut faire des choix car le temps vaut de l’or quand on a une famille.


L’aïkido t’a-t-il aidé dans la vie ?

Oui, c’est certain, même !
Dans ma vie quotidienne, le cercle des personnes que j’avais autour de moi, que je côtoyais, ne comportait pas énormément d’exemples de réussite professionnelle. Et à l’aïkido, par la rencontre avec les gens dans un cadre objectif et la mixité sociale qu’il y avait, j’ai pu rencontrer des univers très différents, des personnes aux métiers très divers. Ce brassage m’a ouvert des portes que je n’aurais pu trouver dans ma cité de banlieue avec mes fréquentations.

Le port du kimono et le fait de travailler en coopération pour apprendre entre élèves supprime les différences et nous met tous sur un pied d’égalité sociale. Ces conditions étaient donc favorables à des échanges intéressants. De nature timide à la base - les gens qui me connaissent riraient en lisant cela - je n’ai plus aucun mal à discuter avec n’importe qui dans la rue. J’ai gagné une aisance relationnelle et une confiance en moi, ce qui n’était pas évident avant. L’idée que «l’aïkido est un système d’éducation» a un grand sens pour moi, j’en ai bénéficié et je suis convaincu d’être bien meilleur humainement aujourd’hui que ce que j’aurais pu devenir.


Avec qui as-tu commencé l’aïkido ?

Mon premier professeur s’appelait Thabella Pech, il était d’origine chinoise du Cambodge. A l’époque j’habitais Le Blanc-Mesnil, une ville du 93 dans la banlieue nord de Paris qu’on a pu voir partout dans les journaux d’information durant les émeutes de 2005 (rire). J’avais 16 ans et je faisais partie d’un groupe de jeunes qu’il a invité à pratiquer gratuitement au club de Pantin. On pratiquait gratuitement, il nous prêtait un kimono et en plus il nous ramenait chez nous après le cours. De ce groupe je suis le seul à avoir continué à pratiquer (rire). Et pour l’anecdote, aujourd’hui, j’ai repris le club avec une autre élève de ce professeur.


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