entretien avec Pierre Grimaldi de Saint Mandrier sur mer - président de la FFAB

St. Mandrier 2004 - Pour une réunification, mais pas à n'importe quel prix


Pierre Grimaldi à St. Mandrier 2004

Cela fait combien de temps que ce stage a lieu ?

Depuis 27 ans. C'est la vingt-septième année…


Et c'est la première fois que la route d'accès est bloquée ?

Non, la deuxième fois. Depuis les incendies de l'année dernière, où il y a eu des morts dans le Var, le préfet prend des précautions supplémentaires.


Et comment cela se passe-t-il ?

Cette année il y a davantage de monde les quatre derniers jours, puisque malheureusement Me Tamura était aux États-Unis pour les 40 ans de l'Aïkikaï de New York, et de ce fait n'a pu arriver ici que le 11 août. On a prévenu un maximum de gens. Le stage a eu lieu quand même, assuré par Claude Pellerin et les techniciens de la Fédération. Mais il y a eu moins de monde, car tout le monde sait que c'est Me Tamura qui fait venir les gens.


Le Président

Depuis quand êtes-vous le président de la FFAB ?

Depuis 10 ans. Je suis devenu président par intérim au moment ou Georges Bézaquen est tombé malade. J'ai donc fini le mandat qu'il avait commencé, et maintenant j'en suis à mon troisième mandat. C'est quelquefois lourd à porter, mais voilà.


Est-ce que vous êtes content ?

Est-ce que je suis content ? Oui, je suis content de voir l'évolution de notre fédération, bien sûr. Mais enfin on n'a rien sans peine…


La réunification

Où en est la réunification des deux fédérations d'aïkido ?

La réunification, c'est un vaste sujet qui fait l'objet de beaucoup de dépense d'énergie et d'argent et qui ne débouche malheureusement sur pas grande chose à ce jour. Pourquoi ? Parce que premièrement l'État veut outrepasser ses prérogatives et ses droits en essayant de nous rassembler à tout prix .
Nous, on n'est pas contre une union des fédérations. On est contre une fusion des fédérations. Pourquoi ? Parce que l'on ne marie pas par la force des gens qui ne s'aiment pas quelque part. Si on s'aimait, il y a longtemps que, même sans pressions, on se serait réunis. Le problème, ce n'est pas nous, les hommes, c'est que nous avons Me Tamura, et cela va faire 40 ans qu'il est en France. C'est le plus haut gradé en France. À partir de là… Il a quand même travaillé 13 ans avec O Senseï : ce qu'il nous a amené n'était pas déformé du tout. Ce n'est pas parce que à l'Aïkikaï il y a eu une évolution que pour autant la qualité de Me Tamura a pu changer.

Ce qui veut dire qu'aujourd'hui nous disons : « Vous voulez faire une fédération ? D'accord ! Mais dites-nous quelle est la place de Me Tamura dans cette fédération. Il ne peut pas avoir une place similaire à n'importe quel technicien qui existe en France. Il est obligé, vu son passé, vu ce qu'il est, d'être au-dessus. » Et on nous répond : « Oui, qu'il soit technicien, mais parmi les autres. »

Cela est inconcevable. Il ne faut pas oublier que l'aïkido est une discipline japonaise, et que nous avons un maître japonais d'une valeur immense, et ce serait le trahir, le perdre quelque part, si nous faisions une fusion.

Une fusion… D'abord ils ont du personnel, nous avons du personnel, nous avons un siège et une école à Bras. Tout ça payé par l'argent de nos licences. Et nous allons en faire cadeau, de ça ? Alors que l'État ne nous donne pas de subvention ?

Donc j'avais proposé que l'on crée une fédération unique, que l'on mette deux comités nationaux en place, et que ces comités nationaux aient une indépendance. C'est-à-dire qu'il y aurait des passages obligés : passages de grade, brevets d'État… On fait des actions communes, mais chacun perçoit l'argent de ses licences et on reverse au chapeau, qui est un chapeau national qui percevrait l'argent du gouvernement, les subventions.

Le Ministère ne veut pas reconnaître la différence. Certains groupes restent indépendants, « à l'extérieur », pour ne pas subir d'obligations. Mais à l'intérieur c'est une seule fédération avec une seule pratique, une seule tête ». Et en même temps on nous dit : « Peut-être que vous pourriez envisager de mener votre vie, mais en association, en dehors de la fédé. » Très bien, mais de quoi vivons nous ? Puisque l'on va donner tout l'argent à la fédération. Nous on préfère encaisser l'argent et reverser une somme au chapeau. C'est ce que nous allons faire à partir de cette année, puisque cette année on va renforcer la vie de l'U.F.A. en lui donnant 2 euros par licence.

Je veux souligner que notre fédération, la F.FA.B., permet aux différences de s'exprimer et de s'épanouir sous la forme de courants. Au sein de la F.F.A.B. il y a bien sûr le Groupe Aïkikaï de Me Tamura , mais aussi le groupe G.H.A.A.N des élèves de feu Me Nocquet, l'Iwama Ryu France constitué par des élèves de Me Saïto autour de Daniel Toutain. Il y a eu le groupe A.F.A. autour de Gérard Blaize, un élève de Me Hikitsuchi, mais qui est parti aujourd'hui. Nous attachons une grande importance à cette unité dans la diversité.

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