Jean Burnay et Serge Picrit, 2 partie N°35FR

La liberté, c’est quelque chose d’important.


Jean Burnay pendant de l'entrevue à Namur 2010.

Si j’ai bien compris, vous êtes le responsable technique de la fédération ?

SP : (Rires) Ce qui s’est passé est que lorsque nous avons repris l’organisation de la fédération, nous pensions que nous n’avions pas besoin de directeur technique. Parce que nous avions remarqué que le directeur technique était souvent quelqu’un qui disait : «Faites comme ça, ne faites pas autrement ! Faites comme moi je le dis, ne faites pas comme un autre le fait ! » C’est souvent comme cela que ça se passe. Nous, nous avons dit que dans l’Union Belge d’Aïkido il n’y aurait pas de directeur technique, mais nous faisions référence à des experts en qui nous avons confiance. Cela revient à ce que chez nous il n’y a personne qui dise aux autres : « Faites comme ça » c’est-à-dire : « Faites comme moi». On a essayé de diminuer la charge de l’ego – parce que c’est un risque dans les arts martiaux de développer un ego hypertrophié. Nous nous sommes donc donné pour règle de ne pas dire à quelqu’un : « Gonfle-toi comme la grenouille qui veut être plus grosse que le bœuf ».
Nous avons la chance d’avoir quelqu’un qui veut bien nous enseigner depuis si longtemps, et ça, c’est bien plus important pour nous que d’avoir parmi nous quelqu’un qui nous dirait : «Faites comme moi et pas comme les autres».
Nous sommes au service des gens, comme quand, par exemple, ils nous demandent de venir donner un cours dans leur dojo, pour organiser les choses, pour prendre des contacts. C’est l’organisation d’un service, ce n’est pas l’imposition d’une manière de voir. C’est fort différent. Et finalement, en faisant comme ça, on n’a aucune contestation. Il n’y a pas de gens qui disent : « Mais moi, je ne suis pas d’accord avec ça ! Je n’aime pas ça ! Je voudrais que l’on fasse autrement ! » Puisqu’il n’y a pas de directives, c’est la liberté.
Il me semble qu’une des premières valeurs dans les arts martiaux, c’est d’essayer de rendre les gens libres. J’ai toujours été impressionné, techniquement, de voir que quand on saisit un expert, celui qui est emprisonné, ce n’est pas celui qui est tenu, c’est celui qui tient. Les experts disent toujours : « Je suis tenu, mais je suis libre, je fais ce que je veux, parce que ma technique, mon placement, ma respiration, mon mental font que je ne suis pas emprisonné. C’est l’autre qui s’emprisonne lui-même.
Donc, dans l’organisation d’un groupement comme dans la technique, il ne faut pas mettre de contraintes. Il faut que l’un illustre l’autre. Si on dit : « Soyez libres » et que l’on n’arrête pas de mettre des contraintes aux gens, c’est que l’on n’a rien compris. C’est une des raisons pour lesquelles, chez nous, il n’y a pas ce genre de chose.
Si dans d’autres groupements il en va autrement, je le respecte et c’est tant mieux. Quand les gens font des choses différentes, il y a plus de variété. Un jardin où il n’y aurait qu’une seule fleur n’est pas un jardin, c’est une pépinière, un magasin. Pour faire un jardin, il faut beaucoup de choses différentes et c’est de l’assortiment des différentes couleurs que l’on fait quelque chose de beau.
Jean et moi sommes au service des professeurs et des élèves qui veulent apprendre quelque chose.
JB : On essaie d’être les garants…

MB : Il y a de la sincérité dans cet engagement, et cela rassemble. Il y a un sommet, mais il y a plusieurs chemins pour y aller. De temps en temps, il faut quitter le chemin pour en emprunter un autre et y revenir ensuite. C’est ça la liberté. Monsieur Picrit a parfaitement raison.

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