Philippe Orban

J´ai perdu beaucoup de temps dans la recherche illusoire de la perfection technique …


Philippe pendant notre Entrevue dans son Dojo à Leipzig 2013.

Pourquoi  as-tu ouvert un nouveau dojo à Leipzig ?

Je n´ai pas ouvert de nouveau dojo, j’ai simplement déménagé. L’ancien dojo situé dans la partie sud de Leipzig était trop cher, et donc la raison essentielle était financière.
Malheureusement les investissements nécessaires m´ont coûté le double que prévu !
Cependant les perspectives, là où nous sommes maintenant, sont très bonnes. Je devrais m’investir personnellement plus pour le dojo mais je suis très souvent en déplacement. Cette partie ouest (Lindenau) va sans doute, ces dix prochaines années, suivre le même développement qu´il y a eu où j’étais auparavant …

N’as-tu pas de remplaçants ?

Si ! pour l´entrainement j´ai quelques élèves gradés mais pour l´organisation et la gestion du dojo, qui se dirige un peu comme une petite entreprise, je dois le faire moi-même : publicité, démonstrations, etc. Il faudrait que je prenne cela plus en main !

Tu n´as donc plus l´ancien dojo.

Non, j´ai conservé seulement un cours enfants que je fais désormais dans une salle que je loue à l´heure.
Là où je suis maintenant j´ai toujours 120 m² de tatamis et la surface globale est de 210m², c´est presque comme avant et l´atmosphère est plus agréable avec plus de luminosité. Le  calme est dans ce quartier très appréciable et en outre je n´ai pas perdu d´adhérents !

Proposes-tu des entraînements spéciaux ? Je pense notamment aux seniors et aux enfants…

Non mais mon enseignement a beaucoup changé. J‘entraîne et n’enseigne plus comme avant. La technique est grosso modo la même mais la facon d´utiliser le corps notamment a beaucoup changé.

Le cours des enfants est bien sûr différent avec en alternance des jeux éducatifs, etc. mais j´essaye déjà d´enseigner des bases essentielles tells que la respiration, la flexibilité corporelle.

Ca ressemble à un changement important ?

Oh oui !! Cela avait commencé avec mes problèmes de santé d´alors. Au début des années 2000 je commençais à avoir de moins en moins d´énergie et en 2005 la maladie s’est vraiment déclarée. J’ai suivi différentes thérapies, et puis j´ai fait une  rencontre importante avec Inaba sensei en 2007 : j´ai découvert un travail fondamentalement différent d´utilisation du corps et de l´esprit. En général, que ce soit dans les arts martiaux ou sports de combats, le sport bien sûr mais également la danse, les gens travaillent en tension et optimisent le mouvement et la technique par la coordination et la condition physique.

Là, l´accent est mis sur le relâchement et l´unité du corps et de l´esprit situé sur le seika tanden bas (qui correspond à notre centre de gravité). L´énergie générée n´est plus l’addition de différentes masses musculaires, plus ou moins bien coordonnées, mais résulte de l´unité corporelle et mentale dont l´origine est le centre. Je pourrais donner l´image de l´eau dont la source serait votre centre et le corps le moyen de l´utiliser.

Après 25 ans de pratique assidue, dont 8 années en tant que uchi deshi à Paris, en dehors d’une maîtrise technique certaine et une bonne condition physique, je remarquai les limites de ce type de travail. Il n´y avait pas de travail en conscience sur la respiration, le souffle primordial, l´énergie, l´unité. On parlait de techniques et de hanche, d´être centré, dans le sens d´être stable, en un mot de sport.
J´ai découvert durant de longues heures de travail sur moi la différence entre faire les choses par la pensée seule et les faire en conscience.
Je me suis concentré sur « l´axe central » du corps et le seika tanden. Pour parvenir à atteindre ce point d´origine, il faut travailler en conscience et la respiration est le pont pour y parvenir.
Ce n´est pas par l´étude de la technique martiale « visible », qui est un travail périphérique, que l´on peut arriver au centre. Il faut inverser le processus : atteindre le centre et aller ensuite vers la périphérie. On  ne peut pas trouver l´unité par un travail sportif, qui repose sur un travail de coordination, aussi fine soit-elle !
L´unité du corps et de l´esprit ne peut  se réaliser que par un travail interne, avec différents exercices que j´ai appris au Japon  (au Shiseikan à Tokyo) et durant différents stages en Europe. Ces exercices sont fondamentaux et la façon dont on les travaille va déterminer les résultats.


… liesez plus dans la édition 47FR

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