Christaller : Lia Suzuki, ravie de vous rencontrer ici, en Allemagne, à Berlin, à l’occasion de ce grand stage où nous sommes invités. J’ai quelques questions à vous poser de la part de Horst Schwickerath. Tout d’abord, il m’a demandé de vous transmettre ses meilleures salutations.
La première question est évidement : quand avez-vous commencé à pratiquer l’aïkidō ?
Lia Suzuki : En 1982… C’était peut-être en décembre 1981. Bref, c’était en décembre. Je cherchais quelque chose à faire. J’avais fait de l’équitation, en compétition, avant de commencer l’aïkidō et il est arrivé que je ne pouvais plus monter parce que des chevaux étaient tombés malades, et aussi il y a eu des changements chez mon entraîneur. Alors j’ai regardé un cours de jūdō, j’ai aussi regardé un cours de kung-fu. J’ai regardé un cours de tai chi. Et aucun d’eux ne m’a vraiment dit quelque chose. Je n’étais attirée par aucun d’entre eux. Le tai chi m’a paru trop lent. Le professeur de jūdō et celui de kung-fu m’ont tous les deux donné l’impression d’être un peu militaristes ou quelque chose comme ça, et cela ne correspondait pas à mon idée.
Alors j’ai regardé de l’aïkidō. Et ça m’a paru être entièrement « du chiqué ». Mais tout le monde transpirait et souriait. À l’université les vacances de Noël, tout un mois, commençaient le lendemain. Alors je me suis dit : « Je ferais mieux de faire quelque chose sinon je vais m›ennuyer. Alors je vais juste pratiquer cet art martial bizarre, mais juste pendant ce mois. Et puis je vais trouver un véritable art martial. » Voilà mon histoire.
[Rires]
Vous avez donc trouvé votre véritable art martial.
[Rires]
(riant) Oui…
Puisque vous m›avez parlé de vos débuts, pouvez-vous m›en dire un peu plus sur votre vie, s’il vous plaît ?
Bien sûr, vous voulez dire ma vie depuis que j’ai commencé l’aïkidō ?
Ou …
(riant) Oui, nous avons un âge où c’est une longue histoire.
(riant) Oui.
Mais peut-être pouvez-vous choisir quelques événements importants liés à l’aïkidō ?
Bien sûr. Eh bien, vous savez, en grandissant …J’ai grandi à la campagne avec deux frères plus âgés. Les voisins les plus proches étaient à environ un mille [1 km 600] de nous, donc si je voulais jouer ou faire quelque chose, je devais trouver un moyen de m’entendre avec mes frères, pas me battre avec eux. Ce n’était pas facile !
Et mon frère, mon frère cadet, est un athlète incroyable, incroyablement compétitif, incroyablement athlétique et incroyablement hyper, vous savez, une boule d’énergie. Il voulait quelqu’un avec qui jouer au baseball, au football [américain] et tout ça. Mon frère aîné était plus l’artiste, l’intellectuel. Alors il a refusé. Il a dit : « Non, je ne veux pas faire ça. Ça m’ennuie. » Je n’avais donc pas vraiment le choix. Le frère sportif en quelque sorte… (riant) m’a forcée à faire beaucoup de choses. Donc ça m’a aidé à me sentir à l’aise physiquement. On trouvait des moyens pour jouer au baseball, comme on n’avait pas d’équipe, il fallait imaginer d’autres joueurs et se rappeler leur position sur le terrain... Les parties duraient des heures et des heures : 5 ou 6 heures… et il changeait les règles, comme d’avoir 20 manches dans une partie [au baseball il y a 9 innings, « tours de battes » ou manches, dans une partie, N.d.T.] et comme ça je continuait à jouer toute la journée.
Bref, la chose intéressante, c’est que j’ai découvert l’équitation. Et j’y étais bien meilleure qu’avec le ballon. Le football, le baseball… ça n’a jamais été ma spécialité. Ou de se battre contre la montre : courir 100 m et essayer d’aller plus vite demain. Ou, dans une équipe, courir après le ballon… j’ai toujours été plutôt mauvaise dans ces sports. Meilleure que les autres enfants de mon âge, parce que mon frère me poussait. Mais je n’y étais pas venue naturellement.
Mais monter à cheval, d’une certaine manière… ça a éveillé quelque chose en moi. Et ce que j’ai vraiment aimé dans l’équitation c’est que je pesais environ 55 kilos, ou quelque chose comme ça et le cheval en pesait environ 500. Et donc si on se bat avec le cheval, le cheval gagne. Et quand vous bougez ensemble, en coopération, c’est vraiment magique. Et cela se fait sans effort. Mais cela demande beaucoup de travail, un travail acharné, pour en arriver à ce que ce soit sans effort.
Ce dont je ne me rendais pas compte à l’époque, c’est qu’il s’agissait d’une très bonne préparation, d’une bonne base, pour ensuite passer à l’aïkidō. Avec ce que je viens de dire, vous pouvez voir le lien. Maintenant il y a beaucoup de gens qui s’entraînent de différentes façons. Certains essaient d’arriver à ce travail sans effort dès le début. Ce n’était pas comme ça quand j’ai commencé. On travaillait très dur, on transpirait énormément, pour développer notre centre et nos jambes, pour développer la force des hanches et des membres inférieurs. Et donc cette idée de travailler vraiment très dur, de mettre beaucoup d’efforts dans l’espoir, finalement, de faire les choses sans effort, j’aime cette idée. En fin de compte, c’était la même chose avec les chevaux.
C’est ce qui m’a attiré dans l’aïkidō. C’est une des choses qui a nourrit ma fascination. J’aime l’idée de ce mouvement subtil, sans effort, de se mouvoir ensemble avec un autre être vivant. Et j’aime aussi le fait qu’il n’y a pas de résultat final en aïkidō. On n’est jamais arrivé. Et il y en a qui détestent ça dans l’aïkidō. Ils veulent atteindre leur but et ensuite se laisser aller. Je suis le genre de personne qui, quelque soit l’objectif, si j’y tiens, dès que je suis sur le point de l’atteindre, je mets habituellement la barre plus haut. « OK, ça y est presque, je suis sure d’y arriver, donc ce n›est plus intéressant. Maintenant, je vise plus haut. »
Oui, ce sont ces choses-là que j’aime dans l’aïkidō.
Et puis, pour parler de ma vie, de ma carrière en aïkidō, quand j’ai commencé… Eh bien, j’ai pratiqué au Japon. Pratiqué dur, avec le plus grand nombre possible de hauts gradés. Je leur courait après. Je les suivais jusqu‘au bar. Joué des coudes pour m’asseoir à côté de ceux à qui je voulais ressembler. Mes modèles à l’époque étaient tous des hommes. Il y avait une femme qui, quand je suis arrivée au Japon, était plus haut gradée que moi. C’était donc une source d’inspiration. J’ai fini par la dépasser en grade, mais bien sûr, elle est toujours une source d’inspiration pour moi. Mais il y avait un tas d’hommes qui étaient plus gradés qu’elle. Et ils étaient plus souvent là, je pouvais pratiquer avec eux. Ils étaient plus accessibles. Je ne la voyais qu’une fois par semaine. Mais ils étaient une telle source d’inspiration que tout se passait bien. Ça ne me dérangeait pas. J’ai grandi avec mes deux frères plus âgés sans aucun autre enfant dans les environs, alors j›étais très à l’aise. Beaucoup de femmes disent : « J’aimerais qu’il y ait plus de femmes dans le dōjō », mais moi, ça ne me dérangeait pas vraiment. Mais cela m’attristait un peu à l’époque que nous n’ayons pas de femmes de très, très haut niveau. Je pense qu’elle était 3e dan quand je suis arrivé alors qu’il y avait un tas de gars qui étaient 5e et 6e dan.
Et je me souviens d’une fois, quand j’étais sandan, je discutais avec une autre femme, une kohai. Elle était peut-être shodan ou quelque chose comme ça. On parlait, on prenait une bière ensemble et je lui ai dit : « C’est tellement frustrant. J’aimerais … Pourquoi n’avons-nous pas de daïsempai femme ? » Je veux dire, quelqu’un de beaucoup, beaucoup plus gradé que nous. « Pourquoi n’avons-nous pas de daïsampai femme ? Nous en avons vraiment besoin. Et patati, et patata… Pourquoi est-ce que ça n’arrive pas ?
Et je ne pas vraiment compte qu’à l’époque de cette conversation j’étais la femme la plus gradée dans notre organisation. Et j’étais sandan. Elle est restée silencieuse, elle ne disait rien. Et elle m’écoutait répéter mon refrain, encore et encore. Et finalement, elle a pris son courage à deux mains et rembarré son sempai. Elle m’a regardé et m’a dit d’une voix douce : « C’est toi. » Et j’ai dit : « Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » Elle a dit : « C’est toi. Tu es la femme daïsempai. » Et elle m’a dit: « S’il te plaît, viens au dōjō plus souvent. »
J’y allais environ deux fois par semaine à l’époque parce que mon entreprise... Il y avait une crise économique et je devais travailler beaucoup. Mais après qu’elle m’a dit ça, j’ai trouvé le moyen de réorganiser mon emploi du temps. C’était si fort.
Et puis j’ai ouvert mes dōjōs aux États-Unis.
Après le Japon ?
Oui, j’ai passé presque 10 ans au Japon. Puis je suis revenue aux États-Unis et j’ai ouvert un dōjō à Philadelphie. Puis j›ai déménagé en Californie et celui de Philadelphie a continué et j’en ai ouvert un à Santa Barbara, en Californie. Maintenant, je suis aussi à Los Angeles.
Et ce qui est très intéressant, c’est que quand j’ai ouvert mon premier dōjō, je n’ai pas rejoint les grands groupes en Amérique. Je voulais continuer sur le chemin que m’avait tracé Takeda shihan. Et je sentais que j’avais besoin de ne pas faire partie d’un autre groupe, sous un autre shihan, pour pouvoir le faire. Donc, le seul choix était de créer ma propre organisation avec la bénédiction de Takeda Shihan.
J’avais alors la trentaine et les cours que je donnais au début étaient donc très exigeants pour mes élèves, mais aussi pour moi-même. Je pratiquais parfois à 100%. Je pratiquais avec tout le monde. À l’époque, c’était au moins 60% ou 70%. Et très peu de bavardages. C’était vraiment des cours éreintants. Je voulais continuer à progresser. Je voulais que mes élèves progressent le plus vite possible afin d’avoir de bons partenaires. Et je me rends compte maintenant, en y repensant, que j’avais quelque chose à prouver. Je voulais mettre les autres au défi de pratiquer aussi dur que moi. C’était surtout au niveau de l›endurance. C’est ce que je voulais mettre en avant.
Et je suis contente d’avoir fait comme ça. J’ai fait comme ça pendant des années. Mais récemment, je suis devenue un peu plus relax. Mais je continue… les gens me disent que mes cours sont physiquement assez exigeants, mais joyeux. Je suis donc très heureuse. C’est exactement ce que je veux. Mais de toute façon, mon but à l’époque était simplement de prouver la légitimité de notre organisation et la mienne propre. Et comment trouver le koshi nage parfait, et des choses comme ça… Je suis toujours à la recherche du koshi nage, du shiho nage parfait, mais j’ai un but beaucoup plus élevé, qui est simplement « comment puis-je contribuer à l’amélioration de la société ? » « Comment puis-je améliorer la vie des gens ? », quoi que cela veuille dire.
Vous savez, certaines personnes viennent simplement au dōjō et éprouvent une poussée d’endorphine, ce qui rend leur vie meilleure. Ou bien, il peut y avoir une famille à faible revenu et dont les enfants veulent faire de l’aïkidō, mais n’en ont pas les moyens. Nous avons pour ces cas-là un programme de bourses d’études. Et puis j’ai travaillé dans des prisons et des centres de désintoxication. Je vois les gens être positivement éblouis. C’est donc vraiment gratifiant pour moi.
Et même mes yudanshas [ceintures noires]… Maintenant, je suis responsable de sept dōjōs et il y a donc quelques dōjōs qui sont trop éloignés pour que je puisse y aller sur chaque semaine. Je n’y donne des stages que quelques fois par an. Et deux d’entre eux sont dirigés par un shodan et un nidan. Nous avons donc une réunion mensuelle par vidéoconférence. Et j’essaie de les soutenir. Et c’est quelque chose dont je n’ai pas bénéficié. J’ai dû apprendre par tâtonnements. Vous savez, des choses comme la publicité, la conception de sites web, toutes ces choses auxquelles on ne pense pas quand on pratique intensivement au Japon pour devenir bon en aïkidō. Ou comment gérer quand un élève fait ci ou ça… Nous avons donc un système de soutien sous forme de vidéoconférences mensuelles. J’essaie donc de transmettre mon savoir pour permettre à ces jeunes yudanshas de faire marcher les dōjōs.
Pouvez-vous nous parler des professeurs que vous aviez avant votre départ pour le Japon ?
Oui. Mon premier professeur a été Bill Gleason Sensei. Il avait passé une dizaine d’années au Japon. L’une des choses que j’aimais dans son dōjō, c’est qu’il y avait un fort sentiment communautaire et qu’il était physiquement exigeant et qu’il vous encourageait aussi à réfléchir à la philosophie de l’aïkidō et à comment faire vivre l’aïkidō hors du tapis, dans votre propre vie.
N’a-t-il pas écrit un livre sur le kotodama ?
Oui. Et il a aussi écrit un livre intitulé « Les Fondements spirituels de l’aïkidō ». Et quand il était au Japon, il pratiquait surtout avec Yamaguchi Sensei. Mais il a aussi pratiqué intensivement pendant quelques années avec Takeda Shihan, à Kamakura. Alors il a invité Takeda Shihan à Boston pour un stage. Et, fait intéressant, lorsqu’il a invité Takeda Shihan, j’enseignais l’anglais comme seconde langue. Et chaque fois que j’avais des étudiants japonais, ils me disaient toujours : « Si jamais tu viens au Japon, tu peux habiter chez moi. »
Et soudain, Takeda Shihan est venu et son aïkidō était tout simplement incroyable. Et il m’a dit : « Oh, tu devrais venir au Japon. » Un an plus tard, j’étais au Japon.
Ils vous ont appelée…
Oui, le Japon m’a appelée. Et Takeda Shihan… à son dōjō, l’entraînement était encore plus exigeant physiquement et c’était bon. Cela développait vraiment votre endurance. Nous travaillions dur pour nous relâcher. Mais encore une fois, c’est l’effort pour arriver au point du « sans effort ». Et donc, c›était tellement impressionnant. Et il avait un certain nombre d’élèves avancés, qui étaient aussi très impressionnants.
Et l’une des choses les plus sympa à propos de Takeda Shihan, c’est qu’à première vue, tous ses élèves avancés semblaient si différents. Et vous vous dites : « Oh, qui est le professeur de ce type ? Et qui est le professeur de cet autre type ? » Mais si vous regardez attentivement et si vous travaillez avec eux, si vous les saisissez, il y a un point commun. Et je pense que c›est un des merveilleux traits de caractère de Takeda Shihan, il n’a pas besoin de microgérer ses élèves. Il n’a pas besoin de dire « plie les genoux de tant ». Parce que ce grand gaillard-là a peut-être besoin de plier les genoux encore plus que celui-ci qui est plus petit. Et donc c’est une des choses qui m’ont marquée dans l’enseignement de Takeda Shihan et que j’essaye d’intégrer dans le mien.
L’autre aspect de l’enseignement de Takeda Shihan que j’essaye d’intégrer dans le mien, c’est qu’en presque 10 ans de présence chez lui, je ne l’ai jamais entendu réprimander un élève et lui dire : « Non, tu ne le fais pas comme il faut. Ce n’est pas comme ça. Ne fait pas ça. » Il voyait toujours quelque chose de positif. Il se faisait comme un devoir de voir quelque chose de positif. Ainsi, même si vous faisiez tout de travers, il vous disait parfois : « Oui, c’est bien. Maintenant, avec le même enthousiasme, pivote dans l’autre direction. » Ainsi, au moins l’enthousiasme était louable.
Et j’essaie de garder cela à l’esprit : si quelqu’un est dans mon dōjō et qu’il transpire, au moins, après son travail il n’est pas rentré chez lui pour regarder la télé. Ils sont venus au dōjō, et maintenant, il transpire, ce qui signifie, probablement, qu’il est là parce qu’il le veut. Et tous, ils font un effort. Alors il ne faut pas les réprimander. Il faut les félicitez pour quelque chose. « Oh, tu plies bien ton genou. Maintenant, redresse les épaules… ».
Une autre question : les « anciens » disent souvent que « dans le temps » la pratique était beaucoup plus intense qu’elle ne l’est aujourd›hui. Partagez-vous ce point de vue ?
Oui. En général. Et vous savez, c’est intéressant aussi, quand on dit « intense », beaucoup de gens pensent que cela veut dire brutal. Que nous nous faisons mal. Et ce n’était pas le cas à Boston ni au dōjō Higashi Totsuka, le dōjō de Takeda Sensei. Donc, étant dans la lignée de Yamaguchi Sensei, nous travaillions pour avoir ce mouvement sans effort et vous avez besoin d’être relâché pour y parvenir, donc bien sûr parfois les gens se font mal, mais…
Ce n’était pas un but en soi.
Oui, ce n’était pas le but. Et il n’y avait pas de bagarre. C’était coopératif. Tous les daïsempaï… Je ne sais pas si tout le monde utilise ce mot « daïsempaï ». Bien sûr, un sempai est quelqu’un qui est plus avancé que vous, mais un daïsempaï est quelqu’un qui est bien plus avancé que vous. Donc, tous les daïsempaï étaient si difficiles à projeter. Mais quand ils vous saisissaient et qu’il était difficile de les projeter, ils se déplaçaient un peu et d’une certaine façon, on sentait très clairement qu’ils vous encourageaient. C’était comme s’ils espéraient : « Tu ne me fait pas encore tomber, mais j’espère vraiment que tu vas y arriver. »
Il y avait Takahashi Sensei, qui est mort depuis, et souvent il faisait une flexion arrière presque complète, mais il était toujours capable de pousser… En flexion arrière, il était encore capable de vous résister. C’était dingue. Il était en flexion arrière, un seul pied au sol, et il résistait encore. Et on pouvait toujours pousser… C’était comme de la magie. Et c’est très souvent moi qui tombait sur lui. Je réussissais enfin à le projeter, et je tombais sur lui. Mais tout au long du chemin, vous saviez que, d’une certaine façon, le message était : « Oui, oui, oui, tu y es presque. Oui, tu peux le faire. Tu peux le faire. » Sans qu’il prononce ces mots. … Pour en savoir plus, consultez l'édition de l'AJ n°69FR