Nebi Vural

réalisé à l’occasion de l’Aïkido Taïkaï le 16 juin 2012

Photo de Isabelle Belly - 2013.
Photo de Isabelle Belly - 2013.

A peine une heure avant d’entrer sur le tatami pour donner 2 heures de cours à l’occasion de cette manifestation, Nebi eut la gentillesse de nous accorder un entretien. Difficile de saisir cet homme, parce que sa modestie et sa discrétion ne le poussent pas sur le devant de la scène, et parce que comme il nous le rappelle, il parcourt le monde pour l’aïkido.

J’ai la chance d’avoir un calendrier rempli 52 semaines par an, je vais de Cuba au Japon en passant par la Mongolie. Je suis Turc d’origine, et je vis depuis 40 ans en France, j’aime la culture française. Je vais bien sûr en Europe de l’Est et je suis un des rares qui y soit allé avant la chute du mur de Berlin. J’ai commencé par la Hongrie. Je vais bien sûr en Turquie, en Israël, au Liban, et après l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Turkménistan, je suis allé en Mongolie. Je vais régulièrement dans ces pays depuis 15 ans mais il y a bien sûr d’autres experts qui s’y rendent. J’apprends beaucoup, chaque pays, chaque culture est différente.
Avant la chute du mur de Berlin, les gens en Europe de l’Est étaient très durs, on faisait 8 heures de cours en une journée. Avec maintenant la vie moderne qui s’est installée, on est descendu à 4 heures de cours par jour. Les besoins ont complètement changé.


 


pourriez-vous nous parler de Maître Tamura ?



Avant de connaître Maître Tamura j’ai fait des tentatives en aïkido, j’étais assez jeune, et cela ne me disait rien. J’avais une base de pratique de karaté, et je venais d’un pays où la vie était assez dure, je voyais l’aïkido où les gens se touchaient et tombaient, cela ne me disait rien. Et du jour où j’ai vu Tamura Senseï cela a complètement changé. C’était début 1973, au tout début de la présence de Maître Tamura en France. Cela m’a attiré, je suis resté, je me rappelle avoir été ébloui, enchanté, de voir sa personnalité, la rapidité qu’il avait à l’époque, il était jeune aussi. Et c’est là que je me suis dit que j’avais eu tort, que ce n’était pas l’aïkido qui était en cause, mais les pratiquants. J’ai vraiment commencé et j’ai continué depuis. J’ai eu Tamura Senseï comme guide ; c’était mon maître, et il est toujours resté mon maître. Et bien sûr ensuite, avec son autorisation, j’ai pu voir les autres maîtres historiques de l’époque. Grâce à lui j’ai connu pas mal de maîtres experts, d’élèves directs d’OSenseï. Je suis retourné le voir, je suis allé au Japon, comme tout le monde par curiosité, pour voir comment cela se passait, et j’ai suivi régulièrement maître Tamura. C’est un long chemin, je continue toujours ce chemin, c’est la vie ; malheureusement nous ne sommes pas éternels. Quand on perd quelqu’un, on réalise la valeur de certaines choses qu’au départ on ne comprenait pas. Je suis comme tout le monde je ne comprenais pas toujours Maître Tamura, je me rends compte maintenant qu’il avait raison mais il a fallu qu’il soit parti pour que je le comprenne. Après j’ai décidé de poursuivre mon chemin, sans gêner les autres.

quels maîtres aviez-vous croisés à l’époque ?
Quand j’étais au Japon j’ai pu voir Kishomaru Ueshiba, Yamaguchi, j’ai vu maître Chirata, j’ai connu plus récemment Maître Tanabe, Maître Chiba, et bien sûr Yamada Senseï qui était ami avec Tamura Senseï. J’ai vu Maître Noro, Maître Arikawa et Maître Tada avec Maître Asaï qui est en Allemagne. J’ai pu voir également Maître Sugano, le plus jeune, qui à l’époque était en Belgique, et Maître Chiba était en Angleterre. Et souvent aussi j’allais voir Maître Yamada parce qu’il était plus proche de Tamura Senseï. Bien sûr, au Hombu Dojo, vous croisiez tous les maîtres de l’époque, mais il y avait aussi des maîtres qui étaient en dehors de l’Aïkikaï, et qui pratiquaient d’autres choses. C’était très enrichissant parce que chaque individu exprime d’une manière différente sa connaissance. La seule chose à quoi je devais faire attention c’était de ne pas trop dévier du chemin que je prenais, je considère cela maintenant comme une culture générale. Sans cette culture générale, à mon avis, on garde des œillères. Quand vous avez une connaissance, une culture générale, votre façon de voir le monde est tout à fait différente. Mais bien sûr à chaque fois je revenais à la maison, à la source avec Maître Tamura.


… liesez plus dans la édition 46FR

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