Horst Schwickerath J'ai lu récemment que les économistes montraient depuis suffisamment longtemps un très grand intérêt pour la «confiance». Ce comportement s'est même intensifié au cours des dernières années.

Une des raisons serait que le monde du travail change à une vitesse impressionnante et que les «relations traditionnelles» envers l'environnement de travail, le collègue et le supérieur soient modifiées par les réseaux, la communication moderne, le courrier électronique, etc. C'est spécialement les progrès dans les technologies de communication et d'information qui ont grandement augmenté le rôle de la «confiance» dans le monde du travail et de tous les jours.

Observez donc le comportement des actifs le matin à l'arrêt de bus ou sur le quai de gare. On y voit des muets, certains parlent vivement au téléphone, d'autres manipulent tout excités. Mais pas deux de ces individus ne communiquent ensemble.

Le besoin de «confiance» ou de «situations confiantes» n'a pas diminué, il est, au contraire, devenu plus important.

Ce n'est pas surprenant : moins nous sommes apte à vérifier ou contrôler nous même le comportement de notre entourage, de nos collègues ou de nos collaborateurs, plus nous nous intéressons à pouvoir faire «confiance» en leur loyauté, régularité et fiabilité.

On pourrait à ce point contester qu'il est possible de régulariser tous (ou du moins presque tous) ces attributs entre les personnes concernées par le biais de mesures «juridiques» et que ce sont les sanctions convenues (implicitement ou explicitement) qui garantissent l'obéissance aux accords.

La nouvelle économie institutionnelle et en particulier la théorie formelle des contrats ont développé dans les dernières vingt années une multitude de modèles élégants et mathématiquement avancés. On peut ainsi montrer sous quelles conditions les contrats sont suffisamment attractifs pour toutes les parties concernées afin que l'on puisse s'attendre à ce que les accords soient tenus.

N'est-ce par comme une mauvaise blague : nous parlons de «confiance» mais nous nous comportons de manière répressive dès la moindre occasion.

Pourquoi est-ce la confiance doit elle être apportée par le biais de déviations, l'homme n'a-t-il pas le droit d'être lui-même - est-ce gênant d'être «insaisissable», «non-crédible» ou «non-transparent» ?

 

N'est-ce pas un manque de confiance ?

Le philosophe Hans-Georg Gadamer, décédé récemment, a défini l'herméneutique comme étant l'art de l'écoute ou l'art d'être apte à l'écoute. Notre langue quotidienne, notre comportement en soi est plein de relations confidentes qui nous guident vers une compréhension économique.

Nous parlons ainsi de donner à quelqu'un une «avance de confiance», voire même de lui «accorder notre confiance» ou de manière plus retenue de le «mettre en position confidente».

Nous acceptons dans ces situations-là de nous rendre vulnérable. Dans l'inverse, nous désirons «gagner» la confiance de notre vis-à-vis.

Nous le faisons, par exemple, en prenant des dispositions ou mesures visant à faire naître la confiance. Ce fut très visible lors des élections en Allemagne.

Tout cela ne symbolise autre chose qu'un investissement, ou une «invitation» à notre vis-à-vis à effectuer justement un tel investissement. Si nous sommes gagnant dans cet investissement, alors nous sommes prêt à le renouveler.

Si je suis prêt, à multiples reprises, de prendre des risques pour pouvoir faire confiance à mon vis-à-vis, alors on peut percevoir à quel point confiance et risque sont liés.

Sans la confiance de l'autre en moi, ma propre confiance en lui n'est que peu productive à la longue. On voit ici la différence par rapport à la «crédibilité» : elle est, contrairement à la confiance, tout d'abord un phénomène unilatéral : on peut la perdre, mais on ne peut jamais l'offrir.

Nous vous souhaitons de plein coeur de vivre joyeuses fêtes de fin d'année et espérons que la venue de 2003 soit un événement agréable et joyeux ouvrant ainsi le chemin vers un futur prospère.

Horst Schwickerath

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