Horst Schwickerath

Arrive la fin de l’année, arrive le temps des bilans. Pour notre part nous avons poursuivi notre chemin en apportant à nos lecteurs, tout du moins l’espérons nous, de quoi nourrir leur pratique. Car quand tout est dit, c’est quand même cette pratique quotidienne qui est le sens de l’aïkido. Pratique physiquement quotidienne, peu le peuvent vraiment, mais c’est alors le mental qui prend le relais. Pratiquer dans sa tête c’est aussi, c’est encore pratiquer. Et ce n’est pas seulement une métaphore. Dans un conservatoire américain des psychologues ont effectué l’expérience suivante : un groupe d’élève a continué à s’exercer comme par le passé, un autre a ajouté aux gammes réellement jouées quelques heures de «piano mental» – ils visualisaient mentalement leurs exercices sans bouger les doigts. Les progrès du second groupe ont été notablement plus rapides…

La lecture d’Aïkidojournal n’améliorera pas votre kote gaeshi. Ni même – sauf preuve du contraire – votre posture. Mais peut-être la série d’entretiens et d’articles sur l’aïkido polonais que nous avons publié cette année – et que nous concluons avec ce numéro – vous donnera envie d’explorer par vous mêmes des paysages aïkidoesques étrangers (et si tel est le cas, n’hésitez pas à nous communiquer vos impressions de voyage, comme certains d’entre vous l’on fait à leur retour du Japon). Nous pouvons personnellement en témoigner : l’aïkido est une confrérie internationale et l’on est en règle générale accueilli à bras ouvert dans les dojos des quatre coins du monde. (Que les bras ainsi ouverts se referment sur votre poignet en un vigoureux nikkyo est une autre histoire…)

La lecture d’Aïkidojournal ne rendra pas votre bras impliable. Quoique… Mais nous espérons que la série d’articles sur les coulisses historiques de notre art – qui n’en n’est qu’à ses débuts – désilera les yeux de ceux qui auraient tendance à croire à l’Immaculée Conception de leur art. On nous fera peut-être le reproche de «souiller notre propre nid» comme disent les Allemands, mais nous pensons que «seule la vérité est aïkidoesque» et que les mythes et les illusions sont ce qu’il y a de plus nocif au développement de l’aïkido comme art humaniste universel, tel que le voulait O Sensei au soir de sa vie. Les apprentis samouraïs, pas plus que les paranoïaques qui voient en chacun un agresseur potentiel contre qui se défendre, n’ont tout simplement pas leur place sur notre tatami. Nous sommes bien de l’avis de Stéphane Benedetti, qui nous fait la faveur de ses réflexions : l’aïkido n’est pas un art martial au sens strict de ce terme.

La lecture d’Aïkidojournal n’immunisera pas vos genoux contre les effets d’années de suwariwaza fautif, mais nous serons heureux que votre intellect, ayant sucé la substantifique moelle des réflexions de Me Cognard, porte sur ce que vos bras, vos jambes et parfois votre hara (que le collègue de Me Cognard, Me Alcofribas Nasier, aurait appelé Messer Gaster), un regard neuf.

Puisque nous évoquons l’inestimable contribution d’Alain Cognard à notre publication, signalons que dans ce numéro le courant de Hirokazu Kobayashi Sensei est aussi représenté par nos deux hôtes polonais.

La lecture d’Aïkidojournal ne vous préservera pas de la maladie d’Alzheimer, de la démence précoce ou même des autres affections dont « les ans sont la cause », elle ne sera pas suffisante pour« réparer des ans l’irréparable outrage »… le vieillissement des pratiquants, voilà un autre thème que nous aborderons bientôt) mais se mettre à l’écoute de Jenny Daems, de Daniel André Brun, de Pierre Chassang, et d’autres vétérans (nous ne sommes pas sûr que Christian Gayetti dont vous pouvez lire les souvenirs et réflexions dans ce numéro accepte ce qualificatif) vous fera ressentir ce qu’est la véritable jeunesse.

La lecture d’Aïkidojournal ne guérira pas les bobos petits ou gros que vous vous aurez fait sur le tatami mais, si vous partagez notre sens de l’humour, les objets divers que nous avons trouvés sur Internet vous détendront un peu. Le ridicule ne tuant plus depuis longtemps, et notre intention étant de moquer et non de rabaisser ou d’humilier, nous n’avons aucune mauvaise conscience à faire partager nos découvertes à nos lecteurs.

Lecteurs à qui, de tout notre cœur, nous souhaitons de Joyeuses Fêtes (quelles qu’elles soient) et – une bonne fin d’année.

PS : Nos abonnés trouveront avec leur journal un petit cadeau : un sachet de thé vert Gyokuro en provenance de Chine dont nous leur souhaitons une agréable dégustation. Des thés, de purs japonais aussi, vous pourrez vous en procurer par notre intermédiaire, reportez-vous pour cela à l’annonce page 29.

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