Chères lectrices, chers lecteurs,

 

C’est malheuresement avec une triste nouvelle que nous devons commencer cet éditorial : mardi 14 février René VDB nous a quitt à l’age de 71 ans.

Nous, l’équipe de l’Aïkido Journal, exprimons notre profonde sympathie à la famille, aux proches et aux élèves de René van Droggenbrock.

Nous avons le regret de vous annoncer une autre triste nouvelle. Yoshi FUJIMOTO, Shihan, est décédé à Milan. Nous adressons nos sincères condoléances à toute sa famille, ses amis et ses élèves.

En ces derniers jours d’hiver, avec l’éditorial en perspective, au lieu de penser à l’avenir, je me suis égaré dans des réminiscences déclenchées par une lecture récente. Le sujet traitait de notre capacité à parler et l’une des idées avancées était que l’un des premiers « mots des gens » a dû être « l’action de montrer ».

Si on considère l’hypothèse que les ancêtres de l’humanité sont venus des forêts tropicales et des savanes sèches d’Afrique en se déplaçant vers le nord, on peut supposer une ancienne rencontre : une horde d’hommes, femmes et enfants qui auraient pris conscience d’un changement qu’ils ne pouvaient pas exprimer par des mot dans les limites de leur langue et pour lequel ils n’avaient, dans l’espace de leur expérience, aucun élément de comparaison. Quelque chose de nouveau, qu’ils ne pouvaient nommer, avait changé du jour au lendemain le visage du monde.

Leur déplacement a été probablement accompagné par un froid inconnu, sensation étrange qui remplaçait celle de la chaleur, combinée avec une couverture blanche, elle aussi inconnue. Et un matin ils se sont rendu compte qu’ils avaient dépassé un certain seuil. Même leur cheveux et leurs poils semblaient étranges, recouverts de cette couche blanche. Ce que l’œil capture, l’esprit ne le comprend pas du tout, le toucher est une nouvelle source d’étonnement, car la chose granuleuse au début devient ensuite molle et lisse à travers les doigts, et il reste à la fin quelque chose qui ressemble à de l’eau, de l’eau de la pluie et qui n’a ni goût ni odeur.


Ce processus étonnant a condensé durant toute la nuit une partie invisible de l’air sur le sol. La chose blanche et solide a cependant disparu – sortie de nulle part et partie en un éclair. Un fantôme.

A quel moment a-t-on été en mesure de faire la différence entre la forme liquide de la matière, et une autre forme solide – à travers le sang de leurs proies, à travers leurs propres blessures, lorsqu’au saignement succède la formation d’une croûte ? Mais ces processus ne sont pas interactifs. C’est seulement en observant, durant un hiver rigoureux, la façon dont l’eau gèle, qu’il devient clair qu’une relation réciproque doit exister. A travers la magie du feu il devient finalement possible de mettre en oeuvre ces processus. Un tonneau plein de neige sur un feu allumé nous donnera de l’eau. C’est la naissance d’une technique.

Dans notre société actuelle dans laquelle la technique occupe une place si importante, nous semblons pardonner volontiers à ses défaillances, comme si nous espérions et, étions même en quelque sorte persuadés que notre savoir technique nous permettra de survivre au froid glacial. Ce froid, nos ancêtres devaient l’affronter sans certitude de pouvoir vivre la saison de printemps.

Le verbe « geler (se) » a perdu son sens premier, pour la majorité nous ne nous gelons plus. Nous frissonnons seulement et, esquissons même un petit sourire «gelé» lorsque nous nous entretenons à propos du froid … Nous imaginons fort souvent que notre technique a pris le dessus sur « l’esprit du froid ». Mais combien de temps sommeillera-t-il encore dans les grottes secrètes, avant de se venger avec la ruse du combattant expérimenté ?

L’organisateur du stage avec Christan Tissier à Göktürk/ Istanbul, m’a fait savoir au mois d’octobre qu’Istanbul compte environ une centaine de clubs d’Aïkido. En Turquie on dénombre environ 5 000 Aïkidoka.

Nous avons une petite nouveauté. A partir de ce numéro nous allons publier une rubrique de deux pages qui portera le nom de : Colonne. Elle sera rédigée par Isabelle Belly. Les Colonnes n’ont pas de règles précises, elles garderont ont une liberté de thème et de forme. Elles seront écrites dans une langue du quotidien, ce sera comme si vous parliez avec une amie ou un ami autour d’une table en prenant un thé. Elles contiendront des métaphores et des proverbes … nous espérons que vous allez apprécier, que les images verbales, les perspectives, les émotions, etc. qui apparaîtront ici vous plairont.

 

L’équipe d’Aïkido Journal

© Copyright 1995-2024, Association Aïkido Journal Aïki-Dojo, Association loi 1901