Chères lectrices, chers lecteurs,

 

Vous avez en mains le dernier numéro de l’année 2012. Cet édito donner mal à la tête à ses lecteurs, comme il l’a fait pour ses rédacteurs.

 

Beaucoup d’informations nous sont parvenues par email, ou via la blogosphère, de plusieurs personnes qui font part de leur malaise face à certains agissements qui semblent se développer au sein de la FFAB depuis le décès de Maitre Tamura. Peut-on parler de chasse aux sorcières ? On n’en est, semble-t-il, pas loin, avec une politique de discrimination systématique à l’égard d’enseignants appartenant à certaines associations – Mutokukaï, Eurasia – exclus des jurys de passages de grade et privés de la possibilité de diriger des stages au sein de la FFAB. Que craint donc cette dernière ? Vu de l’extérieur, on est tenté par une analyse peut-être simpliste : une place est désormais vide, celle qu’occupait Maitre Tamura, et la course à sa succession est ouverte.

 

Faut-il donc que certains fassent peur ! On touche ici du doigt la tare du système fédéral imposé par l’Etat français, qui exclut beaucoup plus qu’il ne rassemble. Mais cela montre aussi que le roi est nu : ce ne sont pas des aïkidokas qui dirigent la FFAB ! Comment, en effet, peut-on se réclamer de la pratique – voire de la maitrise – de l’art martial de la paix tout en déclarant la guerre à ses propres pratiquants, suspectés de ne pas être « dans la ligne » ?

 

Et d’abord, quelle ligne ? S’il n’y avait qu’une seule bonne façon de pratiquer l’aïkido, cela se saurait… et la FFAB, depuis longtemps, n’existerait plus ; cela pourrait d’ailleurs bien finir par lui arriver, si cette politique d’exclusion suicidaire se confirmait dans les mois à venir.


Il serait temps que les dirigeants des fédérations acceptent enfin l’évidence proclamée de plus en plus fortement par les pratiquants eux-mêmes : c’est notre diversité qui fait notre richesse. Aucun enseignant, aucun maitre ne peut prétendre avoir, à lui tout seul, tout reçu de l’enseignement de maitre Ueshiba. Nous en sommes collectivement dépositaires, et l’exclusion de quiconque ne peut qu’affaiblir l’aïkido dans son ensemble.

 

Reste ce mystère : la guerre des chefs ne date pas d’aujourd’hui. Elle a débuté avant même la mort de maitre Ueshiba entre ses grands élèves.

Cela ne peut que nous rendre modestes : essayons de faire un peu plus d’aïkido en dehors du tatami.

 

Nous espérons que ce numéro d’Aïkido Journal vous apportera cependant du plaisir, une fois tournée cette page, grâce à la suite de l’entretien avec Mare Seye, celui avec Leo Tamaki (et le début de celui avec Raymond Bisch) et aux autres reportages ou contributions qu’il contient.

 

Nous vous souhaitons, pour 2013, une nouvelle année de pratique et de rencontres dans le plaisir de l’aïkido, bien loin de la politique de nos dirigeants administratifs !

 

L’équipe d’Aj


p. s. : Je reçois souvent des remerciements « pour le travail que vous faites pour l’aïkido »… ce qui, je l’avoue, m’étonne, voire m’indispose un peu. Je propose un journal sur l’aïkido à tous ceux que ce sujet intéresse. Remercie-t-on le boulanger de faire et de vendre son pain tous les jours ? C’est lui qui remercie ses clients de venir le lui acheter. C’est cet acte d’achat qui valorise et justifie son travail. Et ce sont les abonnés – trop peu nombreux, hélas, pour la version française – qui justifient l’existence d’Aïkido Journal et font qu’il parvient à exister encore dix ans après sa création.

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