Horst Schwickerath

Chères lectrices, chers lecteurs,

 

Sur le site voila.fr, une brève « people » : après la tuerie de Newtown au cours de laquelle vingt écoliers et six professeurs ont été tués, le shérif Joe Arpaio, en Arizona, a recruté Steven Seagel pour donner des cours dans une école : “Je suis ici pour apprendre à ce groupe le maniement des armes et les arts martiaux afin de les aider à réagir plus vite et à protéger nos enfants”, a-t-il affirmé à la presse locale. Initiative contestée par certains, commente le site : un courant de plus en plus fort, aux Etats-Unis, remet en cause l’escalade de la violence. On commence à se dire que c’est à la source qu’il faut s’en prendre : ces tueries sont le fait de malades mentaux ; la meilleure façon de s’en protéger est sans doute de les soigner… On ne fera pas de commentaire sur l’image de l’aïkido que donne Steven Seagel : sa pratique « de cinéma » n’est pas notre tasse de thé, même si elle continue à attirer quelque uns.

 

Ce qui nous intéresse, c’est cette idée qu’il faut prendre la violence à la racine. Peut-être les dirigeants de nos fédérations françaises d’aïkido pourraient-ils s’en inspirer, en s’attaquant aux sources du conflit qui les mine ?

 

Pas facile : ce serait trop simple de le réduire à une question de querelle d’ego entre des personnalités hors du commun. Ces rivalités existent depuis toujours, elles n’excluent pas forcément une estime réciproque.

 

C’est peut-être tout l’appareil technico-administratif fédéral qu’il faut examiner : ces structures pyramidales qui gèrent beaucoup d’argent – les cotisations des pratiquants, les financements de l’Etat – , qui distribuent des salaires et des grades, qui organisent les examens donnant le droit d’enseigner l’aïkido à titre professionnel.

 

A côté de ces grosses machines, des dizaines de groupes de toutes tailles existent, caractérisés souvent par le quasi-bénévolat des enseignants. Sont-ils moins compétents pour autant ? C’est de la rencontre entre les groupes que peut venir une ébauche de réponse. Ils sont nombreux, les pratiquants « de base », à plaider pour la fin de la guéguerre et pour davantage de contacts entre les différentes formes de pratiques, dont ils pressentent que loin de s’opposer, elles ne peuvent que s’enrichir mutuellement.



La soumission des deux grands courants d’aïkido au système sportif français commence également à avoir des conséquences dans un autre domaine, celui de la lutte anti-dopage.


Comment cela, direz-vous, pas de compétition en aïkido, donc quel besoin de se doper ? Ce n’est pas l’avis de la Fédération internationale d’aïkido, comme vous le verrez dans l’article consacré à cette question dans ce numéro. Et quel est l’avis de nos lecteurs sur ce sujet ? Faites-nous en part, nous publierons vos contributions.


Mais cela nous incite à faire une suggestion : et si nous cessions de faire du sport ? Pas de sport, donc pas de Brevet d’Etat, pas de compétition, pas de contrôle anti-dopage… resteront les ego ! Mais la pratique, avec le temps, pourrait aider à régler ce problème, pourvu que chacun travaille à bien faire.


Témoignages de cette pratique : un texte de Léo Tamaki, qui va apporter lui aussi sa contribution régulière aux Colonnes d’AJ et la première partie d’une interview de Raymond Bisch, ancien élève de maitre Noro, qui a développé, à l’écart des fédérations, un aïkido basé sur l’analyse du mouvement : plus de détails en page…


Les lecteurs découvriront également les premières réponses à un questionnaire que nous avons diffusé parmi des maîtres ou enseignants français d’aïkido, à la demande de Dimitrji Domin, rédacteur en chef du journal « Arts Martiaux » à Karkhov, en Ukraine.



L’équipe d’Aj

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