La xénophobie en aïkidō


Léo pendant notre Entrevue 1/05/2013

L’Aïkido est une voie de développement de soi. Trop souvent pourtant, on y retrouve les travers qui gangrènent les autres pans de la société. Je n’aborderai pas ici le racisme dans la discipline, que j’ai déjà évoqué par le passé. Je souhaite aujourd’hui évoquer la xénophobie dans son sens littéral, le rejet de la différence.

Xénophobie est issu de deux racines grecques, xénos qui signifie étranger, et phobos, qui signifie peur, rejet.


L’exemple de Ueshiba Moriheï

Il est possible que le Fondateur, comme beaucoup d’hommes de son temps, ait établi une hiérarchie entre les peuples. Il déclarait ainsi en 1961 :
« Je suis venu à Hawaï afin d’établir un “pont d’argent”. Jusqu’à présent, je suis resté au Japon, construisant un “pont d’or” pour unifier le pays, mais désormais, je souhaite bâtir un pont pour unir les différents pays du monde à travers l’harmonie et l’amour que porte l’Aïkido. »

Toutefois il fit preuve tout au long de sa vie d’une grande tolérance envers les différentes interprétations de son art par ses élèves. Sans aucun doute pouvait-il avoir un avis tranché envers les choix de certains de ses disciples. Il désapprouva ainsi sans équivoque certaines orientations de Mochizuki Minoru, et il ne partageait certainement pas l’opinion de Tomiki Kenji sur la compétition. Mais jamais il n’ostracisa ces proches, ni Mochizuki à qui il avait demandé de lui succéder avant-guerre, ni Tomiki qui fut celui qui le suivit durant le plus grand nombre d’années. Il conserva au contraire de très bonnes relations avec eux, les visitant régulièrement, tandis que ceux-ci continuaient à enseigner à l’Aïkikaï. Une chose qui prit fin rapidement après sa mort…

Maître Ueshiba qui développa son art sur la base de plusieurs traditions martiales, et garda sa vie durant une ouverture envers les autres disciplines et adeptes, laissa ainsi toujours s’exprimer les différentes sensibilités qui ne pouvaient manquer de naître chez des pratiquants aux parcours, âges et personnalités si variés, issus des milieux intellectuels, ruraux et militaires.



Se questionner soi-même avant d’interroger l’autre

« Mais pourquoi faites-vous comme ça ? », « Quel maître enseigne cela ? », « D’où vient ce mouvement ? ». Autant de questions qui seront familières à celui qui est un jour sorti de sa zone de confort en allant pratiquer avec des adeptes d’un courant notablement différent du sien.
Des interrogations légitimes qui sont bienvenues lorsqu’elles sont la manifestation d’une curiosité doublée d’ouverture. Malheureusement elles sont trop souvent le reflet de rejets, craintes, et s’accompagnent de moues dédaigneuses, moqueuses, condescendantes. Particulièrement si vous êtes sur le « territoire » de l’autre.

Avant d’interroger qui que ce soit sur ses choix, interrogeons-nous sur ce que nous faisons. Cherchons à comprendre le fonctionnement de notre système technique, les conséquences des choix opérés par nos maîtres et enseignants. Étudions les origines de notre école. Non pas par la lecture superficielle de trois lignes, mais en nous penchant sur les personnalités, les cheminements, les contextes dans lesquels pratiquaient ceux qui nous ont précédés et transmis. Ce n’est qu’a


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