MILLIONS DOLLARS BABY II

une banane peut-elle remplacer un colt 45, voire : un aïkidō authentique ?

Olivier Gaurin
Olivier Gaurin

Bonne question ! Et la première réponse évidente qui vient à l’esprit est : « Ça dépend pour quoi faire ! ». Mais on peut aller plus loin dans cette logique de l’utilitarisme, par exemple en posant ce genre de question : Est-ce que vous connaissez la différence entre les mots “efficace” et “efficient” ?
En fait, tout est une question d’activation ou non d’effets : les effets induits (et comment ?), par ce que vous produisez. Et en aïkidō, c’est la même chose.

La réelle question à se poser logiquement est donc : « Quels sont les effets produits par tel ou tel geste, telle technique, tel ou tel mouvement, par telle ou telle attitude ou tel ou tel aïkidō, par tel style, tel mode de pensées, telle démarche personnelle ou... telle démarche communautaire, etc. ? Par exemple et face à un même problème, si vous faites partie de la mafia calabraise, rien dans vos causes ni dans vos effets ne réagira de la même façon, ne s’exprimera de la même façon, que si vous êtes… sapeur-pompier volontaire à … Lyon ou à Pleumeur-Bodou !
Et il y a celle-ci également, de question : « Dans quel espace ou quel temps considéré : un court ou un long terme, dans quel environnement, dans quelles ‘géographies’ (au sens propre comme au sens figuré), etc., s’activent les effets induis et comment exactement, par ce que vous produisez.  ? ».

Pourquoi parler de ces choses apparemment compliquées de philosophie ? Ben oui, à ces heures où les aïkidō-ka de toutes obédiences commencent à s’intéresser au Daitô-Ryû, au point que les majors de « la discipline aïkidō » se précipitent manu-militari mais en coulisse pour essayer de « tirer la couverture du Daitō-Ryū à eux » – laissez-moi ici douter un peu du procédé -, aussi peut-être parce qu’il faut rester sans ambiguïté réaliste: voilà des dizaines et des dizaines d’années que l’aïkidō se cherche seulement des : « JUSTIFICATIONS ».
J’ai pratiquement toujours vu, entendu et lu ça : ce « truc » du : « Faut justifier, faut justifier...! ». J’ai toujours entendu ce doute, cette ritournelle de la justification de l’aïkidō, excessivement lassante, qui tourne en boucle dans les cercles d’aïkidō comme un vieux disque rayé.
Oui, mais les disques rayés, c’était avant. Aujourd’hui à l’époque des mp.3, 4, ou 5, il n’y a plus de disques vinyle, et donc plus de disques rayés, seulement des disques « skrachés » (mais ce ne sont plus les mêmes disques, et plus pour longtemps avec les SSD n’est-ce pas !).

Autrefois, pareillement d’ailleurs, on ne posait pas vraiment question de la justification en aïkidō, on le mettait juste à l’épreuve. Histoire vraie: Encore récemment, un producteur de combats au Japon me parlait des prestations décevantes des aïkido-ka sur un ring.
« Ben, l’aïkidō, tu sais, ce n’est pas la guerre, ni du MMA, et ni du catch ! C’est plutôt la paix, lui ai-je répondu.
- Oui, mais alors… l’aïkidō, à la base, c’est du free fight quand même, non ? « La paix, la paix, la paix… », mais la paix, ça se gagne aussi, non ?! Regarde Olivier : les aïkidō-ka, autrefois, ils avaient de la valeur. Regarde Takeda, Ueshiba, même Gozo Shioda, et tant d’autres encore. Mais aujourd’hui, ils sont complètement ridicules en combat, les aïkidō-ka, m’a-t-il dit.
– Faut croire qu’on a perdu quelque chose.
– Autrefois, ce n’était pas comme ça.
– Oui, je sais.
– Qui sait encore faire ça ? Qui pourrait ?
– Moi, je sais un peu. Mais c’est difficile, effectivement. Et il n’y         a plus le contexte.
– Et toi, tu ne voudrais pas combattre ? m’a-t-il lancé.
– Tu me demandes ça comme ça, de but en blanc ? lui ai-je répondu en souriant : non, je suis trop vieux maintenant. Mais… perdant ou gagnant, pour un million de dollars, avec un an de prépa à ta charge en plus, et une décharge écrite et dûment signée de mon adversaire et délégataire(s) potentiel(s) en cas de handicap grave, ou de son décès pendant ou après la rencontre… je pourrais peut-être et effectivement réfléchir à ton alêchante proposition.
Il a bien ri  (^_-)....
Alors : Que s’est-il passé ? Est-ce qu’on ne se trompe pas de question, de ronronnement, d’interrogation finalement et profondément en aïkidō ? Avons-nous biaisé-tordu-cassé le monde de notre art à ce point, ou seulement notre façon de penser, et de faire les choses ?

J’y reviens : On confond ainsi et souvent deux termes très proches en français, et qui ont une étymologie commune : le mot “efficience” et le mot “efficacité” (l’efficience, qui a donné le mot « coefficient » ~> ce qui multiplie la valeur d’une quantité algébrique).

« Efficience », mot étrange, en effet et il est vrai, se disait autrefois « effisance ». Étrange aussi car « efficience », est devenu au début du XX° siècle et dans le langage courant le doublet de l’autre.
Ces deux mots dérivent tous deux de la racine “effet” : effectus, qui est le « Ex-facere » latin, ou : « extraire du faire » : «effectuer» : exécution, réalisation, vertu, force, et … résultat).

Ces deux mots sont donc parents, frères. Mais ils ont pourtant un sens originel assez différent :

A) Une « efficience » (causa effiiens), créé pourtant sur la même base que son doublon - et c’est très intéressant - vient en fait de l’anglais : « efficiency », ou : le fait d’être une cause efficiente (1593). C’est la faculté ou la capa … plus lisez dans l'édition 71FR

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