La théorie des ESPACES, des TERRITOIRES & des ENSEMBLES en Aïkidō

1e partie


Olivier Gaurin à Tokyo

La notion des : « espaces/territoires/ensembles* », est à plusieurs titres très fondamentale comme notion en aïkidō (j’y reviendrais de nouveau dans les articles suivants). Car elle montre des liens de subordination dédiés (appartenance, élément de…). Certes, mais il s’agit d’une subordination dans le cadre d’un besoin absolument nécessaire d’autonomie de soi au sein de l’autonomie d’un groupe « d’autres comme soi », ce qui forme ainsi une communauté d’appartenance. Elle montre en fait l’asservissement à un certain espace défini, d’une part : ou à une idée, à un concept, à une tâche, et donc d’autre part à une « survie » rendue possible : « En tant que… ».

Egalement, cette subordination d’appartenance montre quelque chose d’indispensable qu’avait ébauché autrefois Boris Cyrulnik : « L’espace représente une des fonctions biologiques essentielles des êtres vivants ». En bref « le territoire et ses ensembles signent les possibilités ou non de vie et de survie de ses éléments au sein ou en superposition à d’autres ensembles ».

Dans le monde vivant ainsi (végétaux & animaux), les espaces, les territoires et les ensembles se croisent, se superposent, s’additionnent, et parfois se lient pour mieux subsister, survivre, et si possible : prospérer. Et ces superpositions et croisements d’espaces/territoires/ensembles différents (celui du zèbre sur celui du lion, sur celui des babouins, lui-même sur ceux de certains passereaux, sur celui de la panthère, ou des fourmis, ou des serpents, etc.),  créent un biotope en éternelle recomposition, mais en équilibre la plupart du temps. Et lorsqu’un déséquilibre vient à apparaître, alors de nouveaux territoires viennent se mettre en place, eux aussi de façon naturelle…
Il faut noter ici cependant un fait particulier, c’est celui du point d’eau. C’est dans la savane par exemple le seul territoire « inappropriable » par aucun ensemble personnel (par définition et par excellence) : tous les animaux en ont effet la nécessité de boire en ce même endroit qui devient ainsi : une « essence de territoire déterritorialisé », un territoire neutre et commun et préservé à tous les genres pour un seul usage (je  reviendrai plus loin sur ce cas très particulier que l’on retrouve aussi en aïkidō…).
En ce sens donc de l’espace/territoire/ensemble, et dans notre art, hors ou lors de la pratique de l’aïkidō, chaque idée de l’aïkidō, chaque tatami fonctionnent pareillement comme des sortes de territoires. Chaque groupe de pratiquants en symbiose, de gré ou de force avec l’idée générale du groupe (façon de dire/parler des mouvements, de les faire, de chuter, de « suivre », d’attaquer, etc.), fonctionne même exactement comme une sorte de « population babouins » d’un territoire de vie donné. Chaque Dojo fonctionne finalement comme une sorte de ces territoires simiesques.
Est-ce à dire que les aïkidō-ka sont des babouins ou des singes ? Non, bien sûr. Mais cela signifie que la plupart du temps les aïkidō-ka « fonctionnent » sur les mêmes types de strates affectives/réactives animales face « aux » aïkidō, comme si « LEUR » aïkidō à eux était un pur territoire, pareillement à tel ou tel arbre et son étendue proche dans la savane pour tel ou tel groupe de babouins gesticulants.
Alors, bien sûr, il y a ensuite la grande philosophie de l’aïkidō (Pardon ? Qui vient de rire dans la salle… ?). Ou il y a des…. justificatifs, plus ou moins raisonnés d’ailleurs, plus ou moins clairs, plus ou moins renseignés, légitimes ou fouillés ou justes ou non. Ce qui donne ainsi des espèces de procédés didactiques de comparution (Didactique : l’art d’enseigner. Comparution : action de paraître comme devant des juges => asservissement collectif à deux étages : du haut vers le bas et du bas vers le haut. On retrouve ici le monde des babouins!). Ce qui donne également des démagogies (artifice de rhéteurs qui permet de diriger des factions). Puis cela donne des effets de manches, genre mauvais avocats aux agitations douteuses. Et tout ces artifices de justifications (épouillage socialisant) sont mis en place finalement pour quoi ? Pour enfin donner une raison sociale (ciment) à ce qui est fondamentalement et seulement : Une idée d’un TERRITOIRE ; et donc de « MON » territoire dès que je fais allégeance à un groupe ou si j’en suis devenu le leader, ou évidemment : de « NOTRE » territoire si je suis catégorisé/intégré dans tel ou tel groupe.
Quel est donc le but du jeu, de ce jeu des territoires ? Déjà assurer la survie du groupe dans ce qu’il est… des nécessités qu’il a, ou croit avoir, ou ressent (quitte à se tromper d’ailleurs, mais cette illusion/attrape-couillon est alors le prix respectable de sa tranquillité). Ensuite : capter, coloniser, intégrer à lui, si possible, d’autres territoire de la même sorte, afin d’étendre son pouvoir. Car plus le territoire compte « d’âmes », et plus il s’élargit … lisez plusdans l'AJ n°  72FR

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