Lorsque vous pratiquez (et de même, aïkidō-ka, lorsque vous n’êtes point sur les tatamis), êtes-vous un héros (une héroïne)? Et de qui, de quoi êtes-vous ce héros (ou cette héroïne) ; au nom de qui ou de quoi vous y croyez-vous ? Ou, dit autrement : À quelle identification à un ensemble héroïque faites-vous partie si prenante lorsque vous pratiquez l’aïkidō ?
Je pose ces questions car, finalement, nous tous, nous nous plaçons toujours au sein de tout espace environnemental, consciemment ou inconsciemment, comme le héros ou l’héroïne d’une certaine « fable de soi-même » (symbolique, imaginaire, ou réelle). Ou bien : on se positionne toujours au sein d’un ensemble « épique & légendaire » : flou dans ses causes, certes, mais déterminé dans ses effets.
Je peux dire ainsi sans trop de peine que nous sommes tous (vous comme moi), le personnage principal et exclusif du roman de chacune de nos existences, l’acteur principal de la pièce de théâtre (en quelque sorte)… de notre propre vie. Et cela bien sûr au sein de ces infinités d’ensembles environnementaux extérieurs que je viens de dire. Et toute votre vie (la mienne aussi bien sûr), si vous regardez bien, ressemble ainsi énormément à un jeu de poupées russes (un jeu d’ensembles) : où je suis l’une de ces poupées (moi-même un ensemble cohérent à son niveau vital) contenu dans d’autres poupées russes différentes de moi (des ensembles extérieurs à moi, souvent beaucoup plus vastes et qui me contiennent, de plus en plus infiniment grands d’ailleurs). Ou alors le même ensemble : « moi », mais contenant cette fois d’autres poupées russes tout aussi différentes, mais organisées suivant leurs propres systèmes de fonctionnements cohérents (des ensembles intérieurs à moi-même, eux par contre de plus en plus infiniment petits : les probiotes ici et pour simple exemple).
Or, dans ce même « instant fractal », je suis non seulement « contenant / contenu », mais je suis également « dynamique ». C’est-à dire que par mes circonvolutions d’existence j’influence moi aussi tout les systèmes de ces ensembles à la fois (« grands/externes à moi » & « petits/internes à moi »). On peut dire, sans trop se tromper je crois, qu’ainsi nous sommes partie fractale et dynamique d’un immense volume lui aussi fractal et en perpétuelle évolution sur lui-même. Cependant il faut ici noter un point - si vous admettez avec moi ce panorama comme réaliste bien sûr - : c’est que tout système fractal, par définition, ne change pas si l’on change ses dimensions ou ni même ses proportions : « Une fractale désigne en effet tout objet dont la structure est invariante, même par changement d’échelle ». Notre « taille » ici, « ma » taille, donc, importe peu, n’importe pas du tout même, surtout dans l’absolu d’une fractale telle que la vie (ce pourquoi d’ailleurs un horoscope se trompe très souvent : mais ce n’est pas l’horoscope qui se trompe par lui-même, c’est l’interprétation d’échelle que nous en faisons qui nous trompe. Parce que pour un horoscope, donc pour un élément fractal déterminé de la mécanique universelle, le petit comme le grand évènement ont la même « valeur d’importance ». Ainsi pareillement du destin, où là encore d’autres critères sont apparemment en jeu. Mais : pas pour nous. Et c’est là que se trouve la grande erreur de vie humaine en général : dans des problèmes d’interprétations des échelles de valeurs !).
Donc : évolution dynamique ? Pour moi comme pour « mon » espace, comme pour « mes » dimensions, comme pour « mon » territoire et mes façons de bouger dans toutes ces facettes qui me composent : nous passons, avec ce « panorama » qui se met à « bouger », d’un système de fractale à 2 dimensions style plat, ou : carte postale fixe… à une fractale plus globale et en 3 dimensions mouvante & évolutive. Et bien entendu plus que trois dimensions, du moins si l’on y inclue des dimensions de temps, ou d’autres encore. Du coup, le panorama change, oui, se complexifie vraiment, se modélise même complètement comme une sorte de « mécanique » hallucinante. Car cela nous donne une sorte d’espace ressemblant tout à fait à une sorte de gigantesque horloge « réglée sur des cycles répétitifs, eux-même fractals »… : notre univers matériel, justement => Terre, étoiles, planètes, galaxies, etc..
Vous souvenez-vous de cette vieille expression française qui disait : « Avoir des œufs de fourmis sous les pieds » : pour désigner quelqu’un qui n’arrête pas de piétiner, de bouger, ou qui ne peut jamais reste en place? Oui ? Alors imaginez ce vaste et immense et très complexe système d’horlogerie en mouvement que constitue l’univers. Vous êtes alors la minuscule fourmi qui se promène dans ce grand mécanisme, sur ses rouages, le long de ses leviers, et autour de ses pivots, enjambant comme elle le peut ses ressorts divers et balanciers. Car votre vie, en fait, ne ressemble-t-elle pas à ça : à la vie de cette fourmi qui se balade dans la grande horloge inconnue d’elle (à titre démonstratif, relire Spinoza… qui fut très clair sur ce point des : « déterminisme & liberté ») ?
Qu’est-ce à dire ? Eh bien, cela signifie que cette identification entre « moi » et cet aïkidō que je fais, que je pratique - cet « héroïsme » dont je parlais - est à placer dans le cœur rayonnant de la petite fourmi, mais au sein du grand univers (Morihei, quand tu nous tiens !). Les notions de « petit » ou de « grand » ici frôlant tous deux le ridicule de la description tant le « petit » peut devenir « grand » et vice versa, suivant le point de vue dans lequel on se place (toujours notre problématique d’échelles).
Alors, si l’on parle de fractales et de « mon influence, ton influence, son influence… » sur le sytème fractal tout entier, la question qui me revient en retour (paradoxe : on retrouve ici le barbier de mon article précédent (A.J. N°72) ) est celle-ci : Est-ce que l’aïkidō de … lisez plus dans l'AJ n° 73FR