L’aïkidō, ses prières, son pape et Jésus


Léo Tamaki pendant notre entrevue

L’aïkidō compte nombre de pratiquants assidus qui se rendent religieusement au dōjō chaque semaine. Là, ils reproduisent scrupuleusement les formes transmises par des générations d’adeptes. Dans certains courants traditionnalistes, on se veut fidèle au canon établi par le Fondateur. Dans d’autres certaines réformes ont eu lieu. Malgré tout, un grand nombre se soumet volontairement à la direction politique sinon technique imposée par les dirigeants héréditaires du Fondateur, qui selon leur bon vouloir, octroient reconnaissance et légitimité.


« Les élèves viennent au dōjō comme s’ils allaient à l’église, et répètent les katas comme s’ils récitaient des prières. » déplorait un maître.
Oui, nombre de pratiquants ne questionnent pas l’enseignement technique et croient que la simple répétition d’un mouvement permet d’en récolter les bénéfices. Ainsi, beaucoup « gesticulent avec précision », sans connaître les principes et stratégies que sont censés nous aider à acquérir les techniques. La reproduction de l’outil devient une finalité, et au lieu d’avoir développé des capacités, le pratiquant devient expert en… reproduction de chorégraphies.
Or il ne suffit pas de faire pour atteindre. Les traditions martiales sont bien plus sophistiquées que cela. Elles reposent sur la modification des muscles mis en jeu pour réaliser un mouvement, elles s’appuient sur des intentions, un état d’esprit précis. Et la méconnaissance de ces éléments condamne l’adepte à une pratique inefficace et vide de sens.
Mais en aïkidō le constat est plus alarmant que cela.


Soumission volontaire

« L’aïkidō c’est pas un peu une secte en fait ? »
Gregory Bouchelaghem, combattant professionnel de MMA, Youtubeur

La vie est courte, et s’agiter vainement pendant des années pour se rendre compte que les résultats promis ne sont pas au rendez-vous est un gaspillage tragique de précieuses heures. Mais la soumission volontaire d’une majeure partie des pratiquants d’aïkidō à une autocratie héréditaire est pire encore. 300 ans après le siècle des Lumières, l’obscurantisme n’est jamais loin. Et alors que l’on a beau jeu de stigmatiser le religieux intégriste, on cautionne par son acceptation silencieuse un système archaïque en tout point similaire à celui du dévot.
On se gausse parfois du gouvernement qui par le passé investigua l’aïkidō pour voir s’il ne s’agissait pas d’une secte. Mais que l’on écoute les discours du pratiquant moyen, que l’on observe ses comportements, et l’on se rend compte que souvent, il s’agit simplement d’une différence de degré. Que la discipline est sauvée car les abus graves sont rares, et que somme toute, c’est prisonnier de ses propres fantaisies que l’aïkidōka moyen se soumet volontairement.

Mais si cela lui fait plaisir alors laissons faire, serait-on tenté de rétorquer. Car après tout, qu’importe qu’une famille vive aux crochets d’une population de gens qui leur sont inconnus en leur envoyant des bouts de papiers imprimés à la chaîne et fleurant bon le folklore ? C’est oublier que ce mal est à la racine du déclin de l’aïkidō et de sa mort annoncée. Car si les pratiquants investis aiment leur discipline, l’aveuglement général nous a mené au point où des dōjōs ferment, et où ceux qui survivent comptent souvent leurs membres sur les doigts de la main !


La succession de l’Aïkikaï

L’aïkidō s’est développé sur l’image forte et paradoxale du guerrier pacifique. L’adepte, vertueux, avait une capacité destructrice sublimée qui lui permettait de préserver ses attaquants et rétablir l’harmonie. C’est, à p … lisez plus dans l'AJ n° 73FR

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